Velociraptor by Rudy Venet

Tu sais, je suis le dernier né de ma famille. Je crois que ça fait de moi une sorte de monstre d'égoïsme très capricieux. De surcroît, je pense n'avoir pas tout-à-fait quitté l'adolescence. Je dirais que cet album parle de ça, de ce moment où l'on doit faire face à l'inaccessibilité absolue de ce qu'on désir pourtant absolument. Ce moment où l'on est tenu de grandir, d'être réaliste : Dans la vie, on ne peut pas tout avoir.

Eh bien si. Cet album est essentiellement immature. Ok, j'assume. Parce que c'est une tentative de résistance à l'appel de l'âge et de la raison. Parce qu'il y a des tas de gens qui ont cette sensibilité-là.

Mais du coup, si l'on veut croire en l'existence d'un lieu, d'un espace, d'un moment où l'on pourrait se comporter conformément à ce que l'on est, je dirais que ça existe déjà et que ça s'appelle l'intimité amoureuse. Voilà pourquoi cet album est un recueil de chansons d'amour. Parce que je crois que si l'on veut tirer profit de cet espace ultra privé qu'est l'intimité amoureuse, il ne faut renoncer à rien et comprendre que c'est le seul refuge de toutes nos ambitions les plus inadéquates, les plus inadaptables IRL (comme disent les vrais). Bien entendu, à deux (ou plus), il faut tout négocier, mais le but ultime de l'intimité amoureuse - qui est aussi sa raison d'être, c'est de se donner l'occasion de se créer un monde absolument parfait, où les règles ne sont édictées que par les gens concernés et personne d'autre. Idéalement, du moins dans mon esprit malade, c'est ça, l'amour.

Voilà pourquoi cet album assume le fait de raconter l'Histoire (majuscule, historique, donc) d'un petit bonhomme tout petit tout amoureux qui se relève. Disons qu'il est devant un mur, vachement haut, et qu'il veut rendre visite, en douce, à son amoureuse qui n'a pas le droit de le voir. Il la voit à son velux, elle le regarde faire. Il la trouve très jolie. Et elle, elle pense qu'il est malade, surtout. Alors, il retire les cailloux de ses bobos et de ses égratignures. Il se prépare mentalement, physiquement et aussi... par l'esprit quoi, tu sais, il incante, il porte des grigris, tout ça. Et il peste un peu parce qu'il sait qu'il va se faire mal. Il embrasse ses grigris, il croit en lui et en sa bonne étoile, et puis il fonce. Tu as mis ton album en repeat, du coup, il se relève, tu comprends donc qu'il s'est croûté. Et ça recommence.

Conclusion : en amour, la définition même de ce qu'est l'amour se construit dans l'intimité et conformément à rien d'autre que ce qu'ont les amoureux à l'esprit. Il y a ce petit loser qui galère et elle qui le regarde se rétamer comme un bolosse. Ils sont contraints de ne pouvoir s'exprimer leur amour que comme ça. Et en fait, c'est déjà mignon. On a déjà une Histoire d'amour.

J'aurais pu t'en parler de mille manières différentes, de cet album. Et quoi que tu en penses, ce que j'ai choisi de te dire est très pudique, mais je crois que tu me connais un peu mieux maintenant. Oh et pourquoi il s'appelle Velociraptor ? Si je meurs, tu le sauras.

Bonjour, c'est moi, Rudy Venet. J'ai toujours fait de la musique pour qu'on m'aime sans que ça n'ait jamais vraiment marché. Je te souhaite la bienvenue dans mon intimité tragique, risible, et sympa.

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