Bizou by Alix Fernz

Bizou, le premier effort studio de l’auteur-compositeur, interprète et réalisateur Alexandre Fournier sous le pseudonyme Alix Fernz, est tantôt immersif et vibrant, tantôt cinglant et strident, misant sur l’accord improbable entre écriture candide et production claustrophobe. Certes demandant à première écoute, le disque renferme toutefois dans ses sillons psychoactifs un romantisme d’une pureté insoupçonnée, l’artiste montréalais puisant son inspiration à même la matière première de son quotidien, de son environnement direct.

Sur cet album introductif, Alix Fernz délaisse volontairement les formules cartésiennes (couplets, refrains, ponts et autres tropes) de la chanson pop, optant plutôt pour une prose serpentine où s’enchaînent de façon sinueuse des pièces progressives passant subtilement du post-punk à la synthwave à la pop hypnagogique. Tout au long de ses 32 minutes des plus insolites, Bizou dépeint, de par une poésie réaliste, franche et ancrée, une réalité aux teintes rougeâtres, où défilent des scènes nocturnes allant de la rêvasserie au cauchemar.

Sur le long jeu mixé de main de maître par Emmanuel Éthier (Choses Sauvages, Corridor, P’tit Belliveau, etc.) figurent aussi des contributions des plus inspirées par Vincent Lemay (basse), Olivier Cousineau (batterie), Samuel Gendron (piano sur “Fleur en polyéthylène” & “Bizou”), Nora Mejdouli (voix sur “Rouge à lèvres”) et Samuel Hampell (saxophone sur “Double face”). Prévu pour le 19 avril 2024 via Mothland, le fantasmagorique et subversif Bizou d’Alix Fernz devrait nul doute plaire aux fans de Hubert Lenoir, We Are Wolves ou Oh Sees.

Rugueuse, contrastée et labyrinthique, la musique d’Alix Fernz (f.k.a. Blood Skin Atopic) s’engage dans l’enclave scalène du post-punk tout en flirtant avec la pop hypnagogique, créant un hybride lo-fi entre synthwave et rock alternatif, sur lequel se greffent des mélodies accrocheuses, mais dénaturées.